After Shopping.

Virgilia ouvrit d'une main la porte de son cabriolet rouge qu'elle venait de garer devant sa maison. L'autre était collée à son portable, lui-même vissé à son oreille. Elle avait Harrison en ligne depuis dix minutes.

"Et tu as des nouvelles de Meredith?"

Lança-t-elle à tout hasard, bien que leur grande soeur ne soit pas du genre à donner de ses nouvelles, a moins qu'elle n'ait quelque chose à leur reprocher.
Virgi ouvrit le coffre et en sortit, toujours d'une main, une demi-douzaine de sacs. Elle poussa du coude le dessus du coffre et parvint finalement à le fermer.

"Ca ne m'étonne pas."

Lacha-t-elle après le soupir de désespoir feint par son frère. Elle cliqua sur le verrouillage automatique des portes et plongea sa main dans son sac, à la recherche de ses clés.

"Mais non Harry tu me déranges jamais tu le sais bien, c'est juste que je n'arrive pas à trouver ces fichus clés."

Elle tapa du talon sur le parvis de la porte et entendit enfin le cliquetis de son trousseau. Elle glissa les clés dans la porte et la referma derrière elle.

* Home sweet home *

Pensa-t-elle amèrement. Harrison la tira vite de ses reveries.

"Je t'ai déjà dit de ne pas parler de ça par téléphone."

Elle baissa la voix.

"Non je ne suis pas parano, je me méfies. Tu sais à force tu te méfies naturellement, mais s'il te plait ne me parles pas de lui comme ça... On ne sait jamais."

Elle leva les yeux au ciel. Après tout, pourquoi Harrison trouvait-il l'idée que son mari la mette sur écoute stupide? Ca aurait pu être possible. Il lui aurait suffit de débloquer quelques fonds. Enfin, mieux vallait espérer qu'il n'ait pas entendu de qui et de quoi parlait Harrison.
Virgilia se dirigea vers le salon, pris un verre, y versa de la glace et une goute de vodka, avant de s'asseoir sur le canapé en cuir.

"Tu veux vraiment me voir pour ça ou pour que je te file encore du pognon."

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Harrison était tellement prévisible.

"Il te faut combien?"

Virgilia entendit la porte d'entrée claquer.

"Euh Harry je te rappelle."

Virgilia remit ses cheveux en place par un petit secouement de la tête. Elle posa ses yeux machinalement sur l'heure affichée grace au home cinema. Avec un peu de chance Erwan était encore au travail pour quelques quarts d'heures. Elle pivota la tête pour voir qui venait de rentrer, et un sourire de soulagement se fendit sur son visage. Ce n'était "que" Lucas.

"Luke."

Elle faillit se lever pour aller l'embrasser, mais elle se souvint que ce n'était pas "cool" et que ça ne se faisait plus. Elle but une gorgée de vodka.

"Ca a été fructueux dirons nous."

Elle jetta un oeil à ses paquets, elle ne se sentait pas la force de les porter jusqu'a l'étage. Elle le ferait lorsque son cher et tendre époux lui en ferait la remarque, au moins ça lui donnerait une bonne excuse pour se tenir loin de lui. Elle soupira et voulu se leva, cherchant Lucas du regard mais il avait déjà disparut. Elle entendit vaguement du bruit à l'étage. Ah les enfants. Vous avez beau passé le plus clair de votre temps à vous occuper d'eux, tout ce qu'ils trouvent à faire c'est vous nier ou engueuler dès qu'ils sont en age de le faire.

Virgilia fit criser les papiers à l'intérieur des sacs, cherchant ce qu'elle avait ramené pour Lucas. C'était dans un grand sac bleu. Ca y était, elle l'avait. Elle prit le sachet hors des autres et se dirigea à la cuisine, lorsqu'elle se rendit compte que son fils était redescendu. Elle laissa son verre sur la table basse du salon. Ses hauts talons cliquetaient sur les pavés, Erwan détestait ça. C'est pourquoi elle prenait encore plus de plaisir à entendre les cliquetis.
Virgilia trouva son fils appuyé contre le frigo, une bière à la main.

* A croire que c'est vraiment de famille. *

Elle tendit le sachet bleu marine dont dépassait le papier tafeta d'une teinte plus claire.

"C'est pas grand chose, mais j'ai trouvé ça pour toi."

Pas grand chose, c'était quand même un jeans hors de prix, mais bon.

"Euh ne le dis pas à ta soeur, j'ai rien pris pour elle, ni à ton père, il déteste ça."

Lucas entendit sa mère dire que son voyage avait été fructueux alors qu'il montait les escaliers pour changer de chemise. Fructueux? Elle était partit une semaine Dieu-sait-où à faire les magasins et à bronzer sur une serviette de bain sur une plage qu'elle avait certainement réservée pour elle seule et elle qualifiait ca de "Fructueux". Mais il ne le releva pas, il savait que ca mère devait avoir une vie épuisante ici à Candy-City. C'est vrai quoi, regarder Martha faire le ménage dans toute la maison alors que vous êtes entrain de vous prélassez dans le jacuzzi que vous avez fait installer le mois dernier est tout bonnement... épuisant!

Le jeune homme suivit sa mère des yeux alors qu'elle fouillait dans ses sacs portant les marques des plus grands couturiers au monde. Elle lui sortit un grand sac bleu marine qui devait forcément contenir une seule fringue. C'était comme ça, les Smith participaient activement dans la déforestation de la forêt Amazonienne... Mais ils le faisaient avec classe, alors à quoi bon lutter? Il retira délicatement le jeans emballé soigneusement dans du papier Tafeta. Il arqua un sourcil et fit un bref signe de tête en guise de remerciement à sa mère.

"C'est pas grand chose, mais j'ai trouvé ça pour toi.
Euh ne le dis pas à ta soeur, j'ai rien pris pour elle, ni à ton père, il déteste ça."

Lucas releva ses yeux vers sa mère. Il n'avait jamais compris pourquoi elle le préfèrait à Taylor et qu'elle appellait toujours celle-ci "Ta soeur" ou "Ta fille" quand elle parlait à Erwan alors qu'elle affublait Lucas de surnoms insupportables tel que "Luke". Il n'en n'avait jamais vraiment parler avec Taylor. Il ne savait pas comment elle le vivait, visiblement, pas si mal que ca! Il replia le jeans et le rangea dans le sac.

Merci 'Man..

Marmona-t-il d'une voix rauque puis il déposa le sac quand l'escalier avant de revenir dans la cuisine et boire une gorgée de sa bière. C'est à ce moment que Taylor intervint. Il s'imaginait déjà la scène. Elle arrivait, joyeuse, quand soudain elle apercut le manteau de Virgilia. La porte qui claque, les pas lourds. Elle entre, le salue et boit une gorgée de sa bière puis tend un papier attendant la signature d'un tuteur pour participer à un clip. Lucas esquissa un sourire. C'était sur, sa mère n'allait pas signer ou bien faire une remarque désobligente vis-à-vis de sa soeur. Il regarda sa soeur et puis prit le papier et le lu à voix haute avant d'arquer un sourcil et faire un sourire amusé.

Toi? Dans le clip de Shakira?

Il leva les yeux au ciel en se retenant de rire. C'était le genre de situation dans lesquelles Taylor se fourrait tout le temps. Qui aurait envie, a part elle, de faire partit d'un clip alors que son argent de poche mensuel dépasse 3 fois le salaire versé? Tout est une histoire d'argent et sa soeur n'avait pas l'air d'avoir encore comprit dans quelle socièté ils vivaient.

Virgilia tira une chaise de la table centrale et s'y assit, jambes croisées. Elle observa son fils déballer le cadeau, puis aller le mettre de côté. Il vallait mieux que de se facher avec "les autres" encore une fois.
Elle fit doucement rouler sa nuque de gauche à droite. Elle était exténuée. Ce voyage n'avait absoluement rien eu de reposant. Alex se faisait de plus en plus impatient et elle avait vraiment peur qu'il commette un impair. Quand à Harrison, elle lui avait déjà refilé 15 000 euros ce mois-ci, qu'il avait réussi à dépenser.

Virgilia passa un doigt sur le bord de la table lisse, lorsque Lucas revint dans la cuisine. Rapidement, un grand claquement de porte se fit entendre depuis l'entrée.

* Mais quelle joie de vivre dans une maison remplie d'amour et de bonheur. *

Soupira-t-elle en elle-même. Devoir tout le temps jouer le role de Mme Smith ce n'était certainement pas facile, mais on ne pouvait pas dire que ses enfants lui facilitaient la tâche. Surtout Taylor. Elle savait qu'elle y était quelque part pour quelque chose, mais si la jeune femme faisait quelques efforts, elle n'était pas contre d'en faire aussi. Surtout qu'Erwan le lui avait demandé. Ressouder la famille, il n'y avait plus que ça pour lui. Il aurait sans doute du y songer bien avant..

Taylor fit son apparition dans la cuisine, telle un ouragan. Sans un bonjour elle prit des mains de son frère de la bière dont elle but une rasade et se planta entre Virgilia et lui, exigeant une signature de sa mère. C'était pour un clip d'après ce qu'elle disait. Lucas prit un air moqueur "Toi? Dans le clip de Shakira?"

"Lucas arrête de te moquer de ta soeur."

Elle se leva pour prendre le papier des mains de son fils et le lut en diagonale.

"Tu te doutes bien qu'il faut que je vois ça avec ton père."

* Et tes grands-parents bien sur! *

Taylor piqua une crise de panique en injuriant Lucas.

"Oh oh du calme Taylor, je ne veux pas de telles injures dans ma maison."

Après quelques cris de haine contre sa mère et un pique vers Lucas, la jeune femme partit de la maison. Virgilia ouvrit des yeux rond, n'en revenant pas. Elle avait presque envie de sourire. Taylor, elle, pouvait partir et sortir de cette toile d'arraignée. Et elle ne se rendait même pas compte que c'était la meilleure chose pour elle si elle voulait enfin pouvoir vivre sa vie.
Elle leva les yeux vers Lucas.

"Ne t'en fais pas, elle va aller chez vos grands-parents."

C'était toujours pareils. Eux les grands emmerdeurs manipulateurs qui se récoltaient les moments à prendre soin des enfants lorsque Virgilia se faisait passer pour un monstre, bien souvent à cause d'eux. Elle ne soupira même plus, elle était tellement lassée de cette situation que ça ne l'affectait pas, ou du moins elle ne le montrait pas.
En même temps, le départ de Taylor lui montrait bien à quel point elle avait raté sa vie, de A à Z. Elle était restée avec Erwan lorsqu'elle était enceinte de Lucas, persuadée que la meilleure chose pour le petit était de rester avec ses deux parents, et surtout dans la richesse. Elle posa la main sur son front un instant et se demanda comment aurait été sa vie s'ils n'avaient été que tous les deux - en tout cas ou départ. Chose rare devant quelqu'un, les larmes lui monterent aux yeux, mais elle tenta de le dissimuler pour garder son apparence tellement parfaite, maître total de la situation, ce qu'elle était rarement.